ÉMILE CHALINE - MEMBRE D'HONNEUR DE L'ASSOCIATION "AUX MARINS"

Après l'hommage national rendu à l'Amiral Émile Chaline le lundi 25 mai 2020 à l'hôtel des Invalides, l'association Aux Marins, qui assure le rayonnement et le développement du Mémorial national des marins de la Pointe Saint-Mathieu, a, répondant ainsi au voeu de la famille, organisé le 12 août 2020, un hommage à la mémoire de ce grand marin en cette terre bretonne qui l'a vu naître et grandir, en Pays d'Iroise, là où il aimait à se retrouver dans sa résidence de Lampaul Plouarzel.

Cet hommage a comporté plusieurs temps forts :

- Cérémonie religieuse à la chapelle Notre Dame des Anges de la Pointe Saint Mathieu :

- Cérémonie d'hommage au Mémorial national des marins ;

- Dispersion des cendres en Mer d'Iroise à bord de la vedette SNS 284, Colonel PICOT 2, basée dans l’Aber Ildut ; 

- Inauguration d'une place au nom d'Émile Chaline sur la commune de Lampaul Plouarzel.

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Mercredi 12 août 2020 - 09 H 30

Cérémonie religieuse

à la chapelle Notre Dame des Anges

de la Pointe Saint-Mathieu

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L'office a été célébré par le père Jo Derrien assisté du père Marcel Abjean.

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En cortège

vers le Mémorial national 

des marins morts pour la France

Précédées des musiciens du groupe "Sonerien Plougonvelen" et des porte-drapeaux, la famille de l'Amiral Chaline et les personnes ayant assisté à l'office religieux ont rejoint le Mémorial en cortège.

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Mercredi 12 août 2020 - 10 H 45 

Cérémonie d'hommage

à l'Amiral Émile Chaline

À l'issue du cortège, tous les participants se sont retrouvés sur l'esplanade du Souvenir Français pour prendre part à la cérémonie d'hommage à Émile Chaline.

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Dépôt de gerbes

et minute de silence

Les fleurs ont été apportées aux autorités par des jeunes gens...

... pour dépôt des gerbes au pied de la stèle...

... suivi de la minute de silence ...

... et de l'hymne national interprété par Anne Louise, membre de l'association Aux Marins.

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La Flamme de la Nation

La Flamme de la nation, rallumée chaque jour à 18 H 30 à l'Arc de triomphe de Paris, a été confiée symboliquement à l'Association Aux Marins, en 2008, par le Relais Sacré et le Souvenir Français. 

Depuis, la flamme de la nation est régulièrement ravivée dans le cénotaphe lors des cérémonies qui s'y déroulent.

Ce jour, la flamme, portée dans un flambeau est amenée sur l'esplanade et déposée sur la margelle de la stèle par une jeune fille, accompagnée d'André, bénévole de l'association, en charge de veiller à la bonne exécution du ravivage et de deux jeunes porte drapeaux du Souvenir Français.

René Stéphan, président de l'association Aux Marins : 

... Le Mémorial national des marins morts pour la France et l'association Aux Marins conservent la flamme de la nation ici, au bout du monde, dans ce haut lieu de la mémoire nationale. 

Cette cérémonie de partage de la flamme de la nation est désormais une tradition bien établie dans le paysage de la mémoire.

La liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité, le vivre ensemble, la citoyenneté et le symbole de la flamme de la nation sont des principes qui nous guident dans l'organisation de cette cérémonie.

Cette flamme que nous venons de rallumer, cette étincelle de lumière a été portée symboliquement depuis la tombe du soldat inconnu de la place de l'Étoile à Paris. 

Tous les jours, à 18 H 30, la flamme de la nation est ravivée à l'Arc de Triomphe par des personnalités ou par des associations. Rappelons-nous que cette flamme de la nation ne s'est jamais éteinte depuis 1923, y compris pendant les pires heures de l'histoire de notre pays.

En offrant le sacrifice de leur vie, des héros nous permettent de vivre, aujourd'hui dans un pays libre. C'est pour celà que ces héros sont aussi nos héros.

Aujourd'hui, cette flamme nous rassemble autour de l'amiral Chaline, de sa famille et de tous les Marins des Forces Navales Françaises Libres qui se sont donnés à la France.

Nous avons une pensée pour l'amiral Philippe de Gaulle et Jacques Le Gall, les deux derniers compagnons en vie".

"Nos pensées vont aussi vers nos deux soldats récemment morts en OPEX, le brigadier-chef Andy Fila et le brigadier Tojohasina Razafintsalama.
Les militaires français se sacrifient encore aujourd’hui pour défendre notre Pays, ses valeurs et son intégrité en luttant contre les terroristes qui, hélas, n’hésitent pas à assassiner des civils.

Nous pensons particulièrement au six humanitaires français et à leurs deux guides, assassinés dimanche dernier au Niger." 

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"Le Général de Gaulle disait : "Quoiqu'il arrive", la flamme de la résistance ne s'éteindra pas. La flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas." 

le geste symbolique de ravivage de la flamme exprime l'espérance qui nous habite.

Nous voulons oeuvrer pour un monde plus fraternel. Nous voulons communiquer notre espérance. Nous sommes un maillon de la chaîne de l'humanité.

Aujourd'hui, le geste symbolique de ravivage de la flamme nous relie à l'humanité toute entière."

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Le salut aux drapeaux

Moment incontournable dans toute cérémonie,

les autorités présentes saluent les porte-drapeaux.

Distanciation physique oblige,

on ne se sert plus la main.

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"Je chante avec toi Liberté"

interprété par Anne Philippe,

membre de l'association Aux Marins

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Biographie de l'Amiral Chaline

par René Stéphan

président de l'association Aux Marins

L'Amiral Émile Chaline, né le 22 février 1922 à Brest, nous quittait le 15 mai 2020.

En 1939, il est, au lycée de Brest, élève en classe préparatoire de l'école navale (Flotte Primauguet).

Devant l'avancée allemande, il quitte Brest le 18 juin 1940 à bord du paquebot Meknès et débarque à Southampton le 21 juin.

Il rallie la France Libre le 1er juillet 1940.

Embarqué sur le cuirassé Courbet, il suit le premier cours d'élève officier organisé en juillet-août 1940 et en sort élève aspirant.

Après un stage de préparation militaire supérieure à Aldershot et un cours d'initiation à l'Asdic, il est désigné pour le contre-torpilleur Léopard sur lequel il effectue son stage d'application.

À l'issue de ce stage, il suit les cours de l'école navale anglaise (Royal Naval Collège Dartmouth), de mars à décembre 1941.

Promu aspirant le 1er décembre 1941, il sert en qualité d'officier Asdic à bord des corvettes Commandant Drogou et Roselys jusqu'en janvier 1945. À bord de ces bâtiments, il est engagé dans la Bataille de l'Atlantique avec l'ennemi et dans les opérations du débarquement en Normandie.

Il est promu enseigne de vaisseau de 1ère classe le 1er décembre 1943.

Il suit à bord du HMS Osprey un long cours de "qualified anti/submarine lieutenant", de janvier à novembre 1945.

À la fin des hostilités, il commande le chasseur 135 en 1947, le patrouilleur Marjolaine

en Indochine de 1947 à 1948, la marine à Réam (Cambodge) en 1949 et, de 1960 à 1961, il commande le dragueur océanique Berlaimont puis l'escorteur d'escadre La Bourdonnais lors des premières expérimentations nucléaires de 1966 à 1967.

De 1967 à 1969, Émile Chaline a servi au cabinet militaire du premier ministre, puis, de 1969 à 1971, à l'État-Major particulier du président de la république, M. Georges Pompidou.

De 1971 à 1972, il commande la division des escorteurs du Pacifique et l'aviso Amiral Charner puis, de 1972 à 1974 le centre d'instruction naval de Saint Mandrier dont il sera le premier commandant.

Breveté d'État-Major, il a été attaché naval à Copenhague (Danemark) de 1962 à 1965 et à Washington (USA) de 1974 à 1977.

De 1977 à 1979, il occupe la fonction de préfet maritime adjoint de la 2ème région à Brest.

C'est au cours de cette affectation qu'alors, jeune ingénieur, je rencontre l'amiral, particulièrement dans le domaine des infrastructures du port.

Nous vivrons ensemble des circonstances dramatiques pour la pointe de Bretagne, le naufrage du pétrolier Amocco Cadiz. Il fut, comme nous l'étions tous, effondré face à cette catastrophe qui marquera nos côtes durant de nombreuses années.

En 1979, Émile Chaline est nommé préfet maritime de la 1ère région à Cherbourg.

Il quitte le service actif en décembre 1981 avec le grade de vice amiral d'escadre.

En 1988, il devient président de l'association des Forces Navales Françaises Libres.

Il est l'auteur, en collaboration avec le Capitaine de vaisseau (H) Santarelli, de "l'historique des Forces Navales Françaises Libres".

Il est également l'auteur de nombreux articles dans des revues et journaux civils et militaires.

L'amiral Chaline est :

Grand-Croix de la Légion d'Honneur (2014) ;

Grand Officier de l'Ordre National du Mérite (1990).

Il est titulaire  des Croix de Guerre :

- 1939-45 avec deux citations ;

- Théâtres  d'opérations extérieures (TOE) avec deux citations.

Il est également titulaire de la médaille des "Évadés" et Officier du Mérite Maritime.

L'amiraL Chaline était membre d'honneur de notre association. Il appréciait nos cérémonies.

Je laisse maintenant la parole à l'amiral Pierre léaustic, président d'honneur de l'association Aux Marins, qui a bien connu l'amiral Chaline au sein de l'association.

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Suite de l'éloge funèbre d' Émile Chaline

par Pierre Léaustic

président d'honneur de l'association Aux Marins

Pierre Léaustic, président d'honneur de l'association Aux Marins, a bien connu l'Amiral Émile Chaline. Il présente ainsi un portrait plus intime de ce grand marin breton.

"Spécialiste de la propagation du son sous la mer, il doit certainement nous entendre depuis cette île bienheureuse située bien au-delà de l'horizon, là où comme le veut l'imaginaire celte, se trouve l'âme et l'esprit de nos glorieux marins disparus. En 2014, au cours d'une soirée mémorable au Gouérou - la convivialité chez Émile et Marina est toujours un grand moment d'anthologie - j'avais eu une conversation sur l'au-delà avec Émile Chaline.

Cet échange, de nature philosophique, s'était conclu par la promesse que j'organiserai pour lui, s'il venait à disparaître, une cérémonie d'hommage en ce mémorial, haut lieu de la mémoire maritime et de recueillement des familles des marins disparus.
 

Cher Émile Chaline, me voici au rendez-vous sur votre terre de coeur, le pays d'Iroise, en compagnie de votre épouse Marina et de vos filles Marina et Nathalie.

Il faut parler de ceux qui font le bien, a écrit le philosophe André Comte-Sponville. Votre simplicité et votre modestie vont sans doute souffrir des propos dithyrambiques mais je prends ce risque, Émile Chaline car je connais votre bienveillance.

Vous laissez, sur cette terre, l'image d'un grand homme qui, par ses actions, a gagné sa place dans l'histoire de notre pays. Vous êtes un de ces hommes qui arrive à vaincre la peur, à affronter tous les dangers, à surmonter tous les drames qui peuvent jalonner une vie de marin.

En vous rendant hommage aujourd'hui, c'est votre courage que nous mettons en exergue, un vrai courage celui qui, comme l'a écrit Étienne Schlumberger, réside dans la force de conviction à agir avec vigueur selon sa conscience, que le contexte extérieur soit paisible ou conflictuel.

Vous avez quitté à 18 ans votre lycée brestois pour continuer la lutte. Vous êtes parti sans être certain de revoir un jour, vos parents, vos amis, votre pays en accomplissant un acte, considéré en 1940 par les institutions en place comme un acte de désobéissance civique.

Combien d'entre nous seraient capables, aujourd'hui, de suivre la même voie que vous avec le même courage, la même force de caractère, la même détermination.

Comment ne pas être admiratif devant cette force mentale hors du commun dont vous avez fait preuve face aux vents contraires de l'adversité, non seulement en 1940 mais aussi plus tard dans votre carrière de marin.

Comment ne pas admirer votre rigueur de chef militaire que vous saviez allier à la perfection avec une empathie naturelle et un esprit malicieux non dénué d'humour.

J'ai aussi admiré votre esprit bénévole, fait de dévouement, d'abnégation et de don de soi au sein de l'association des marins des Forces Navales Françaises Libres (FNFL) dont vous avez été le président, le coeur et l'âme.

Là encore, l'histoire retiendra votre action de passeur de mémoire pour retracer l'épopée des marins FNFL.

Le contre amiral Serge Thébaut, délégué de l'association Aux Marins en Polynésie Française et ancien chef du département marine du service historique de la défense me rappelait récemment votre ténacité et le travail de titan que vous avez effectué pour écrire et éditer les ouvrages relatant l'épopée FNFL.

Cher Émile Chaline, permettez aussi que je rappelle le rôle décisif de deux femmes dans votre vie. Votre maman, tout d'abord. Celle qui vous a accompagné en 1940 au port de commerce de Brest avec votre petite valise et votre maigre viatique. Devant le refus de l'homme de coupée du paquebot Meknès de vous laisser monter à bord, elle interpella vivement un officier qui déambulait sur le pont. De guerre lasse, devant tant de véhémence, celui-ci donna l'autorisation à l'homme de coupée de laisser embarquer le fils de cette dame. 

Et derrière vous, Émile Chaline, profitant de cette autorisation qui vous était destinée, s'engouffrèrent plusieurs lycéens brestois dans une cohue indescriptible que seuls les étudiants savent créer.

Maman Chaline a été la première femme recruteuse de la France libre. Je crois que c'est un titre qu'il ne faut pas oublier et qu'il faut rappeler de temps en temps. Quand je le rappelais à Émile Chaline, il en était très fier et très ému.

Derrière chaque grand homme, se cache une femme. Et dans votre cas, c'est une grande femme, dotée d'une personnalité forte et rayonnante, Marina, votre épouse, au prénom prédestiné pour un marin a éclairé votre vie depuis votre coup de foudre survenu dans un musée en Australie.

Chère Marina, nous vous exprimons aussi notre reconnaissance pour avoir partagé les moments de bonheur et les difficultés de la carrière de votre mari.

Nous sommes fiers et heureux d'exprimer aujourd'hui notre reconnaissance à Émile Chaline. Grâce à des hommes comme lui et ses camarades FNFL, nous vivons dans un pays démocratique, jouissant de toutes les libertés individuelles et collectives. Cela n'a pas de prix pour les citoyens que nous sommes. Et je le répète, cela n'a pas de prix pour les citoyens que nous sommes.

Notre pays a, plus que jamais, besoin de caractère, de désintéressement et de dévouement. Tant qu'il y aura des français de la valeur d'Émile Chaline, la France restera la France".

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Allocution de M. Didier Le Gac

Député du Finistère

Ancien maire de Lampaul Plouarzel

"... Je voulais témoigner avec Michel Jourden, actuel maire de Lampaul Plouarzel, qui est présent, combien nous sommes heureux de participer à cette cérémonie.

J'étais présent le 25 mai aux Invalides lors de l'hommage national qui a été rendu à Émile Chaline en présence du Chef d'État-Major de la Marine, l'Amiral Prazuck et, très naturellement, en discutant avec Marina, je me suis dit qu'il fallait prolonger ce moment d'émotion, ce moment de commémoration aux Invalides par un moment plus fraternel, ici, en pays d'Iroise ...

Car Émile Chaline était profondément attaché à cette terre d'Iroise. Lorsque j'ai été élu maire en 2001, je me souviens qu'il était venu me rencontrer, très simplement, ... et je conserve le souvenir de sa modestie, de sa simplicité ...

Lorsqu'il prenait ses quartiers d'été, il venait me voir en mairie ... On le croisait au port de Porscave le long de l'Aber Ildut où il avait son bateau, qu'il a vendu il y a seulement quelques années. On le voyait rejoindre, à la godille, son bateau, un modèle Albatros,  qui s'appelait Orville, nom issu du film d'animation "Bernard et Bianca".

Émile Chaline a été un grand homme, un compagnon de la liberté.

Je serai très heureux de prolonger avec vous cet hommage, cet après-midi, à Lampaul Plouarzel où seront dispersées  ses cendres, en Mer d'Iroise, là où il aimait tant naviguer."

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Lecture du poème de la FNFL

par le représentant de la

Fondation de la France Libre

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Dévoilement d'un panneau

rappelant l'engagement des jeunes du lycée de Brest

dans les Forces Navales Françaises Libres

L'hommage rendu à l'Amiral Émile Chaline a été l'occasion, pour l'association Aux Marins,  de célébrer tous les jeunes des classes de "prépa" qui sont partis en Angleterre en même temps que lui.

Pour l'association Aux Marins c'est aussi l'ensemble des Forces Navales Françaises Libres qui a été honoré dans le cadre de cette cérémonie.

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SENS DE L'ENGAGEMENT D'ÉMILE CHALINE

Interview donnée à la revue

"Chemins de Mémoire" 

(Juin 2010)

Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance son appel. La situation de la marine française se prête à ce que cet appel soit entendu. La presque totalité de la flotte est hors de France, hors d'atteinte des allemands.

La marine, gardienne traditionnelle du prestige du pavillon tricolore dans le monde et des intérêts maritimes du pays, est intacte, préservée des catastrophes qui ont frappé les armées de l'air et de terre. La marine est libre, en mesure de peser de tout son poids, considérable sur les évènements.

Émile Chaline, dans cet entretien pour les jeunes officiers de la marine, raconte cette épopée en répondant à leurs questions.

Ce jour, Quentin, jeune porte drapeau, incarne l'Amiral Chaline. Il répond aux questions de Natacha, de l'association Aux Marins.

DANS QUELLES CIRCONSTANCES DÉCIDEZ-VOUS DE PARTIR POUR L'ANGLETERRE LE 18 Juin 1940 ?

J'étais à Brest, il régnait une ambiance de panique générale à l'amirauté, la préfecture maritime, les matelots brûlaient les archives.

On annonçait l'arrivée des allemands pour le lendemain.

J'ai embarqué sur le MEKNES, dernier bateau à quitter Brest, avec un certain nombre de mes camarades.

Sur le pont du navire, on jubilait en voyant des installations militaires en feu.

Le VAUQUOIS, un aviso qui faisait également route vers l'Angleterre et qui nous précédait a sauté sur une mine larguée la nuit par les avions allemands, le drame a eu lieu après la Pointe Saint Mathieu, au large du CONQUET.

QUEL À ÉTÉ LE RÔLE JOUÉ PAR VOS PARENTS ?

En juin 1940, je passais les épreuves écrites du concours d'entrée à l'Ecole Navale, lorsque soudain ce fut la déroute.

C'était absolument incroyable, Paris était occupé par Le Allemands !

Mon père, très patriote suivait sur une carte l'avancée de troupes allemandes.

Le 17 juin 1940, en écoutant la radio, la TSF, mon père fut outré d'entendre le maréchal Pétain demander de cesser le combat.

Pour mon père, cesser le combat n'était pas envisageable, la France avait pris l'engagement de ne pas traiter séparément avec l'ennemi.Mon père savait que le combat allait continuer et il m'a dit "Pars en Angleterre, fais ton devoir et tache de revenir "midship" ! (Le premier grade d'officier de marine)

Je suis descendu au port de commerce avec ma mère qui avait préparé une petite valise dans laquelle il y avait mon costume du dimanche et un billet de mille francs (soit 270 euros d'aujourd'hui).

DANS QUEL ÉTAT D'ESPRIT ETIEZ-VOUS ?

Avec mes camarades nous étions en classe de mathématiques spéciales et nous nous destinions tous à Saint Cyr ou à l'École Navale. Pour ma part je souhaitais devenir officier de marine.

La marine c'était d'abord l'aventure, partir sur les mers vers des pays lointains, c'était les moyens de vivre mes rêves avec tout de même en filigrane le Drapeau.

QU'AVEZ-VOUS FAIT EN ANGLETERRE ?

Au bout de quelques jours, la "question de confiance avec trois options" à été posée à tous ceux qui étaient arrivés en Angleterre à bord du MEKNES :

• Rallier le général de Gaulle. Servir aux côtés des Anglais. Être rapatrié 

Je choisis de rallier le Général de Gaulle mais je fus surpris de constater que la plupart de ceux qui étaient dans le camp souhaitaient rentrer.

Plusieurs camarades ont essayé de me dissuader de me lancer dans l'aventure, d'autres camarades s'accommodaient déjà de la capitulation ?

Étaient-ils des lâches ? Non, pour eux, le maréchal Pétain était auréolé de sa réputation de vainqueur de Verdun et, par conséquent, l'obéissance passait avant tout.

Par la suite j'ai rallié les FNFL (Les Forces Navales Françaises Libres) où j'ai été affecté en tant qu'opérateur sonar sur le Léopard, un contre-torpilleur.

Après sept mois de formation à l'École navale anglaise j'ai été nommé aspirant et j'ai pris part à la bataille de l'Atlantique pendant quatre ans à bord de corvettes en tant qu'officier ASDIC (Anti-Submarine Détection Investigation Commitiee).

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Émile Chaline constate : "La Bretagne est, avec l'Ile de France, la région qui a donné le plus d'officiers FNFL. Sur 154 bretons, il y avait 77 finistériens dont beaucoup de brestois".

"Notre région peut être fière de ses fils" nous dit ce héros qui n'a jamais coupé ses amarres avec la Bretagne.

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"UN HÉROS NE MEURT JAMAIS POUR RIEN"

texte de René Richard

lu par Philippe de Clarens

(association Aux Marins)

"Ce sont ces valeurs fondamentales qui nous permettent de vivre, en construisant, chaque jour, un mieux vivre plus fraternel.

Vous tous, familles, amis, frères d'armes de tous ces héros, vous êtes leurs héritiers et vous avez, comme nous, une mission auprès des jeunes générations.

Ensemble, soyons des artisans de paix.

Aujourd'hui, nous savons que le développement est le nouveau nom de la paix.

Nous savons aussi qu'il ne peut y avoir de développement sans éducation."

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Allocution de Marina

Fille de l'Amiral Émile Chaline

Marina a tenu, au nom de sa famille, à remercier tous les participants à l'hommage rendu à son papa. Elle a souhaité apporter une mention spéciale à René Stéphan et René Richard pour leur soutien et leur implication dans l'organisation de la cérémonie ainsi qu'à Didier Le Gac, député et Michel Jourden, maire de Lampaul Plouarzel.

"La cérémonie aux Invalides était splendide mais en raison de l'attachement d'Émile Chaline à cette région, la cérémonie de coeur est ici, avec toutes les personnes présentes et avec les familles."

Émile Chaline avait cette capacité de prévoir et d'anticiper. Ainsi, il avait réalisé un petit dossier dans lequel il avait noté tout ce qu'il y aurait à faire s'il venait à décéder et il avait écrit sa propre biographie dont Marina a lu un extrait de ce qui fait partie de sa mémoire privée mais qui, pour la famille, est le mieux pour rendre hommage à son papa :

"Notre papa était très fier d'avoir oeuvré pour la mémoire des FNFL et sa plus grande victoire c'est d'avoir pu, avec ses camarades, réhabiliter certains de ces camarades FNFL en leur obtenant des décorations et surtout d'avoir su garder cette mémoire dont il a écrit l'historique avec Pierre Santarelli et André Bouchi-Lamontagne.

"C'est quelque chose qui lui tenait très à coeur, tout comme il aimait venir en bénévole dans les associations pour se souvenir et préserver la mémoire. Le lieu où se déroule cette cérémonie est l'endroit prédestiné pour cela."

Rendez-vous est donné à tous l'après-midi pour assister à la dispersion des cendres depuis la plage du Gouerou et l'inauguration de la place Émile Chaline à Lampaul Plouarzel.

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"L'ÂME DES MARINS"

Poème chanté de Freddie Breizirland'

(hymne de l'association Aux Marins)

interprété par Annick

(association Aux Marins)

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Mercredi 12 août 2020 - 16 H 30

Lampaul Plouarzel

Inauguration de la place

Amiral Émile Chaline

Après la dispersion des cendres en Mer d'Iroise à bord de la vedette SNS 284, Colonel PICOT 2, de l’Aber Ildut - qui s'est déroulée par un brouillard tel que les personnes se trouvant sur la plage du Gouérou n'ont pas pu l'observer - Michel Jourden, maire de Lampaul Plouarzel ainsi que la famille ont procédé à l'inauguration de la place "Amiral Émile Chaline", accompagnés de René Stéphan, Pierre Léaustic, d'élus du Pays d'Iroise, de représentants d'association et de porte drapeaux et d'habitants de la commune.

Cette place est située à proximité immédiate de la résidence où Émile Chaline aimait à séjourner régulièrement.

Avant de dévoilement la plaque, recouverte du drapeau tricolore, différents intervenants ont pris la parole :

Dévoilement de la plaque  par Nathalie et Marina, les deux filles d'Émile Chaline.

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Voir le reportage photographique complet en cliquant sur l'image ci-dessus