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Le blog  de l'association Aux Marins

Jean Venturini - marin mort pour la France et poète

Matelot radio mais aussi poète…

« Dans mes veines ce n’est pas du sang qui

coule, c’est l’eau, l’eau amère des océans

houleux… »

Jean Venturini "Sang" - Outlines - 1939

 

 

 

Jean Venturini est né le 17 septembre 1919 (Source : Service Historique de la Marine, bureau des matricules de Toulon) à Nabeul en Tunisie. Il passe une partie de sa jeunesse au Maroc ; ses parents sont colons dans la région de Meknès. Il étudie au lycée Poeymirau de cette même ville où il fréquente l’internat de 1932 à 1934.

Avec ses amis, Jean Arnaud et Marcel Kadosch, il fonde le Poker d’As Club ou PAC, « la mode à l’époque était aux clubs » dit Marcel Kadosch dont la mémoire n’a pas failli et qui ajoute « Je me souviens d’un garçon trapu, très brun avec des yeux noirs malicieux un peu enfoncés et un menton assez proéminent, le visage très ouvert d’une personne plutôt expansive sur un corps un tout petit peu voûté, à 13 ans en tout cas ! ».

 MEKNES 34(noms et flèches)(02)

  

Photo de la classe de 4ème du lycée Poeymirau de Meknès (Maroc) en 1934.

Sur cette photo figurent notamment :

  

- (*) Roger Forcioli : marin mort pour la France le 5 mars 1945 lors de la campagne de France (membre du Régiment Blindé de Fusiliers Marins (R.B.F.M.) ;

- (**) Jean Le Landais : marin mort pour la France le 21 décembre 1940, date de la disparition du sous-marin "Narval" à bord duquel il embarque avec le grade d'enseigne de vaisseau ;

- (***) Marcel Kadosch, qui nous a communiqué cette photographie ;

 

- Jean Venturini.

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Sous-marin MorseEn 1939, il n’a pas encore 20 ans lorsqu’il s’engage dans la marine à Casablanca. Affecté au Centre des Sous-marins de Bizerte, il suit une formation de 6 mois à l’école des marins radios puis est embarqué sur le sous-marin «Morse». Le matelot radio Jean Bernard Venturini disparaît le 17 juin 1940 avec son bâtiment qui heurte une mine et coule au large de Sfax (Tunisie).

 

 

Son histoire serait simple, malheureusement fréquente à l’époque -celle de trop nombreux marins, morts pour la France, dans la force de l’âge- si ce n’est sans compter sur l’existence d’un recueil de poèmes, intitulé « Outlines » qu’il publie à Casablanca, en novembre 1939, et qui annonçait un grand poète. Nul doute que la disparition de Jean Venturini ait provoqué de l’émotion au Maroc.

Son ami d’enfance Marcel Kadosch se souvient «… quand sa disparition a été connue à l’automne 1940, des articles ont paru aussitôt dans les journaux du Maroc, en particulier dans la Vigie Marocaine que je lisais à Casablanca, pour rappeler son livre de poésie publié juste à la veille de la guerre et honorer la mémoire d’un écrivain de talent dont la vie était injustement fauchée ».

Et, pourtant, hormis le poème « Sang » publié par Pierre Seghers dans son «Livre d’or de la poésie Française des origines à 1940», les poèmes de Jean Venturini tombent dans l’oubli.

 

 

Au printemps 2009, Les Editions Vaillant retrouvent un exemplaire de ce recueil chez un ancien camarade de l’auteur et republient « Outlines », 70 ans après la première publication, à la grande satisfaction des amateurs de poésie. Véritables trésors, ces poèmes, "de la veine d’un Rimbaud", sont un hommage à la mer et au Maroc et pour certains, revêtent un aspect ô combien prémonitoire.

 

 


Voici l’un d’entre eux, chargé de souffrance et de fatalité, et particulièrement émouvant.

 

Tempête Le Conquet(avec texte) copie

 

Jean Venturini figure-t-il sur la photo de l’équipage ci-dessous ? Son ami Marcel Kadosch ne peut être sûr à 100 %, mais dit « Jean Venturini pourrait être dans la quatrième rangée à partir du bas, le quatrième matelot à partir de la gauche dont le front est barré par ce qui semble être l’ombre portée du câble qu’on aperçoit au-dessus de sa tête. J’espère ne pas me tromper … » Si d’aventure, un autre ami se souvient et peut confirmer ses dires, qu’il n’hésite pas à nous en informer. Toutefois, il restera désormais de l’auteur ses magnifiques poèmes que nous vous invitons à découvrir sans tarder.

 Equipage du Morse(flèche et texte) copie

 

Nous ne saurons trop remercier Marcel Kadosch qui a bien voulu nous faire partager ses souvenirs d’enfance auprès de son camarade Jean Venturini et aussi les  Éditions Vaillant dont l’initiative de republier «Outlines» nous offre la possibilité aujourd’hui d’honorer non seulement la mémoire d’un marin disparu mort pour la France mais aussi celle d’un poète de talent.

 

 

 

K-risit-Madeleine.jpg

Texte de Madeleine Kérisit

Membre de la commission "relations avec les familles"

de l'association "Aux Marins"

 

 

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