Anita Béatrix Marthe Conti est née le 17 mai 1899, à Ermont (Val d’Oise), d’un père arménien Léon Caracotchian et d’une mère française Alice Albertine Lebon.
Portrait d’Anita Conti (photo prise dans les années 1910 par un auteur inconnu) - Léon Carcaotchian, né le 5 mai 1870 à Andrinople aujourd’hui Edirne en Turquie), décédé le 18 janvier 1956 à Saint-Michel-sur-Orge Essonne) – Photo prise vers 1950. Docteur en médecine.
Photo familiale : au centre, Anita porte une robe blanche et tient la main de son frère Stéphane qui tourne la tête ; les parents d’Anita, Léon, le papa et Alice, la maman, sont derrière. Tante Marthe est à droite ; le monsieur à moustache serait le grand-père maternel.
Anita prend le nom de son mari Marcel Conti, un diplomate, qu’elle épouse en 1927. C’est en Bretagne et en Vendée, qu’Anita prend goût à la mer et à ses sensations dans les domaines de la voile et de la pêche.
L’océanographie sera sa passion.
Parfaitement intégrée aux équipages, Anita embarque dans les années 1930 sur des harenguiers où elle suit de près le labeur des pêcheurs de haute mer. Remarquée par ses analyses, elle est engagée en 1935 par l’Office scientifique et technique des pêches maritimes, l’ancêtre de l’Ifremer. Elle contribue au lancement du premier navire océanographique « Président-Théodore-Tissier » (juriste et homme politique français); lancé en 1933, ce bâtiment dédié à la Marine marchande est présenté en 1935 au Musée de la mer de Biarritz en sa présence.
En 1939, c’est sur le chalutier « Vikings » qu’elle partage la vie d’un équipage morutier en mer de Barents et au Spitzberg durant cent jours. Ses missions lui permettent de publier des rapports et des articles illustrés par ses photographies prises avec son précieux Rolleiflex : elle ne manque pas de dénoncer la surexploitation des océans.
Au début de la guerre, Anita embarque sur des chalutiers réquisitionnés pour le dragage des mines en mer du Nord et en Manche et rend compte de ses missions par des reportages exploités par la revue « L’Illustration ».
Durant les années de la France occupée, Anita contribue à améliorer les conditions de pêche sur les côtes de l’Ouest africain ; au Sénégal, elle implante des stations de séchage de poissons et crée en Guinée une pêcherie de requins.
En 1952, elle embarque pour plusieurs mois sur le chalutier « Bois rosé » en action sur les bancs de Terre-Neuve. Son aura devient légendaire pour les gens de mer.
A bord du chalutier « Bois Rosé », travail dans les parcs - Anita à bord du chalutier « Bois rosé » sur les bancs de Terre-Neuve en 1952 Photographie de la tempête prise par Anita
Anita, « la Dame de la mer », première femme océanographe : « Garçon manqué… ou fille bien réussie » comme elle se plaisait à le dire. Elle aimait également dire : « La mer est un miroir qui nous renvoie à notre propre ignorance ».
Anita est décédée le 25 décembre 1997 à Douarnenez (Finistère) à l’âge de 98 ans. Ses cendres furent dispersées en mer d’Iroise.
Articles parus sur « Ouest-France » et sur le « Télégramme » du 29 décembre 1997.
Elle a laissé 40.000 photographies, une dizaine de films, des livres et des notes. L’association « Cap sur Anita Conti » (Lorient) numérise ces clichés et organise des expositions.
Beaucoup d’établissements portent le nom d’Anita Conti :
Anita a été marraine de l’Estran Cité de la mer à Dieppe lors de son inauguration en 1993. Une drague, celle de l’estuaire de la Gironde, portant le nom d’Anita Conti, remplace la drague Pierre Lefort depuis fin 2013.
Quelques textes d’Anita Conti
« Avec leurs suroîts qui sont de vrais casques jaune d’or,
leurs amples vareuses huilées, coupées comme des tuniques dont la taille est retenue par une ceinture avec un coutelas fiché comme une épée dans sa gaine, leurs bottes souples, gants oranges,
larges épaules, ces gars, bardés, harnachés,
semblent des chevaliers doux et terribles »
« Des hommes ? Non, pas tout à fait.
Des êtres privés de leurs familles, des corps empaquetés de vêtements qui n’ont plus de visible que des mains et des visages et dans les visages quand il fait grand froid,
ne vivent vraiment que les yeux…
Alors ces hommes ne sont plus que des gestes et des regards.
Leurs âmes sont ailleurs »
Sources : « Mémoires de la Mer » de L’Iconoclaste - ANITA CONTI : L’ŒIL DE LA MER
Association « Cap sur Anita Conti » (remerciements à Sophie Chambon)
Crédits photographique : Laurent Girault-Conti (avec son aimable autorisation)
Reproduction interdite sans l’accord de l’auteur
Article de Georges Kévorkian
Membre du conseil d’administration de l’association « Aux Marins »