22 Août 2010
Le monument du souvenir où reposent les restes des victimes du chalutier "La Tanche" a été inauguré en 1987 à Lorient, à l’initiative du général André Roux, délégué du Souvenir Français.
C'est autour de cette stèle que s'est tenue, dimanche 20 juin 2010, un dépôt de gerbe en présence du président du sous-marin, Christophe Cérino et du président du comité lorientais du Souvenir français, Guy Pierron.
Juin 1940 : la progression des armées allemandes à travers la France s’accompagne de nombreux drames (évacuation de Dunkerque, bombardement du Lancastria…).
Les navires présents à Lorient commencent à évacuer le port dès le 15 juin. Le 19, il ne reste que deux chalutiers à Kéroman, pris d’assaut par les réfugiés : "La Tanche" et "Le Saint Pierre".
Des avions ennemis survolent la rade et bombardent Lorient, la D C A tente de s'y opposer. On annonce l'arrivée imminente des allemands. C'est le sauve -qui -peut général. On s'embarque sur tout ce qui flotte, on sabote ce qui peut l'être, les magasins à poudre de l'île Saint Michel, les réservoirs de carburant du port de pêche, ceux de l'Arsenal etc. On frise la panique.
Dans la journée du 19 juin 1940, le chalutier "la Tanche" embarque des réfugiés, des soldats Français et Polonais de Coëtquidan, des apprentis de l’école des mécaniciens de la Marine et des soldats de corps divers.
Construit par les chantiers Delaunay-Belleville de La Pallice, sur la base d’une coque de chalutier, "la Tanche" est un patrouilleur-dragueur mis à l’eau en juin 1918.
C’est un petit vapeur de 43,5 m de long et propulsé par une machine Compound de 450 CV alimentée par une chaudière cylindrique. Il fait l’objet d’une utilisation intensive entre 1918 et 1940 : patrouilleur en Méditerranée, navire garde-pêche, bâtiment océanographique, harenguier, de nouveau patrouilleur en 1939 et enfin armé pour la pêche au maquereau en 1940…
Tous les Français aptes au service ont été rappelés sous les drapeaux et ont pour objectif de ralentir la progression allemande. Mon grand-père soucieux de mettre en sûreté sa famille demande, dans la matinée, à sa femme d’embarquer sur le chalutier de la « dernière chance » avec ses enfants. Mais, le Capitaine de "la Tanche", Georges Fréger ne souhaite pas embarquer de bagages excessifs. Ma grand-mère n’insiste pas. D’une part, elle ne veut pas quitter son mari, sa maison, ses biens, ses amis et d’autre part, elle ne souhaite pas partir à l’inconnu en Grande-Bretagne. Bien lui a pris d’être resté en France.
Vers 15h00, le chalutier quitte le port avec environ 250 personnes à bord. A 16h10, une grande explosion se produit juste à la sortie de la rade. Le chalutier "La Tanche" venait de sauter sur une mine magnétique dans les coureaux de Groix (mouillée par un avion Allemand), à proximité des rochers nommés « Les Errants » et « La truie » et disparaît en quelques minutes. Le courrier de Groix est le premier navire sur les lieux du drame, puis une pinasse de Gâvres.
Les personnes qui se trouvaient sur le pont sont projetées à une grande hauteur. Très peu de rescapés. Une douzaine dont plusieurs décéderont de leurs blessures, 117 corps de victimes seront ensuite repêchés ; pendant des mois, jusqu'à l'automne, des cadavres échouent sur le littoral depuis Clohars-Carnoët jusqu'à Quiberon.. Les autres seront emportés par le courant ou seront engloutis dans le bateau.
Le 21 juin, les premiers Allemands arrivent à Lorient.
Le drame de la TANCHE devient un traumatisme collectif car il incarne la mort en mer à laquelle les populations maritimes sont très sensibles.
Cimetière de l'île de Groix
Photographies et texte :
Serge Chiarovano
Administrateur de l'association "Aux Marins"
chargé des relations avec les affaires-maritimes, la marine de commerce et la pêche
-------------------
Revue de presse