17 Novembre 2010
Madame Nopporn Na Nagara, professeur de français au Lycée de Krabi dans le sud de la Thaïlande est venue en Bretagne avec quelques élèves de Bangkok.
Leur programme : le matin cours de Français au Centre international d’études de langues (C.I.E.L) situé au Relecq-Kerhuon à proximité de Brest, l’après-midi visite de la région.
C’est sous la conduite de Jean Paul Cornec, président délégué de l’association Aux marins et de Pol Moal ancien proviseur du lycée Charles de Foucauld de Brest, que les élèves thaïlandais ont visité l’ensemble de la pointe Saint Mathieu : chapelle, ruines de l’abbaye, enclos aux moines, phare, sémaphore et plus particulièrement le Cénotaphe et la stèle dédiée aux marins péris en mer.
L’émotion se lit sur leurs visages. Ces nombreuses photos de marins exposées au cénotaphe sont le reflet «vivant» de personnes disparues pour l’éternité.
Nopporn se souvient… Elle a vécu personnellement le «Tsunami», ce 26 décembre 2004. Elle a le visage grave et se souvient de sa propre disparition momentanée, au dessous de cette masse d’eau parmi le sable, les algues et les morceaux de rochers. Elle se rappelle d’avoir crié «Maman !» et de s’être vue mourir, et pourtant elle aimait la mer.
Depuis ce malheur qui a frappé très profondément la population, des parents ou amis, ce sont aussi des photos d’enfants, de jeunes et d’adultes qui sont exposées près des plages de l’île de Koh-Phiphi au sud de la Thaïlande. Mais pourquoi ont-ils disparus ? Ou sont-ils ?
Elle et les jeunes qui l’accompagnent font vite le rapprochement entre cet événement qui les a marqués et les «silences» de ces lieux dédiés à ceux qui ne sont jamais revenus des profondeurs de l’Océan.
Les questions viennent difficilement, maintenant et plus tard :
Ø «Sont-ils morts pour leur pays ?
Ø Quel âge ont-ils ? ils font si jeunes. Ils n’ont pas eu le temps de vivre… Avaient-ils des enfants ?
Ø Ou sont-ils maintenant ?
Ø Combien sont-ils au cénotaphe ? Qu’a fait leur pays pour eux ?
Ø Pourquoi ne les a-t’on pas sauvés ?
Ø et Dieu dans tout ça ? etc.»
Tristes, mais rassurés «parce que des personnes s’en occupent», nos jeunes Thaïlandais quittent le cénotaphe en murmurant : «La mer bleue est belle au loin jusqu’à Molène, Ouessant ou l’horizon. Elle renferme, certes des trésors, mais aussi des hommes et des femmes qui ont donné toute leur vie pour leur pays ou leurs familles. Ne les oublions jamais».