26 Juillet 2010
L'association "Aux Marins" a réuni le mercredi 02 juin 2010
les familles des sous-mariniers du Sous-marin "Narval"
à l'occasion de l'année du 70ème anniversaire de sa disparition.
photographie extraite du livre "des noms sur la mer" - édition Acoram
" Le sous-marin de première classe de 1400 tonnes "Narval", construit à l’arsenal de Cherbourg, avait été mis en service en 1926.
Il était commandé depuis mars 1940 par un Finistérien de Bohars, François Drogou qui décide de rallier les forces navales britanniques à Malte, le 24 juin 1940, après s’être « échappé » de Sousse en Tunisie.
François Drogou est, en effet, déterminé à poursuivre le combat auprès des forces alliées, car il n’adhère pas à l’armistice de la France de Vichy.
A l’instar du "Narval" d’autres marins et bâtiments rejoindront la France Combattante, sous l’autorité de l’amiral Muselier et du général de Gaulle.
Le "Narval" avait appareillé de La Valette, le 2 décembre, pour accomplir une patrouille au large des côtes tunisiennes dans le but d’intercepter des cargos italiens.
A l’origine, selon différentes hypothèses, sa disparition était attribuée à une mine ou à un accident, ou encore le bâtiment aurait pu succomber aux coups d’un torpilleur italien présent sur les lieux.
Au mois de novembre 1957, l’épave du "Narval" fut repérée sur le fond, à 40 mètres de profondeur, la proue ouverte, à proximité des îles Kerkennah.
Cette découverte confortait l’idée que le bâtiment avait dû toucher une mine, probablement le 15 décembre 1940.
Le nombre des victimes du "Narval" est de cinquante, comprenant six officiers dont le commandant âgé de 36 ans, six officiers mariniers et trente huit quartiers-maîtres et matelots ; la moyenne d’âge de l’équipage au complet était de 22 ans.
Notons que certains ouvrages d’historiens précisent qu’un officier de liaison britannique et un marin anglais codeur avaient pris place à bord du "Narval". Cependant l’identité de ces deux marins britanniques reste inconnue.
Le "Narval" a été cité à l’Ordre de la Mer.
Le 14 décembre 1960, à l’occasion d’une cérémonie célébrant, dans la cour d’honneur des Invalides, en présence des familles des disparus et de nombreuses personnalités, le vingtième anniversaire de sa disparition, le ministre des Armées, Pierre Messmer, accrocha sur le fanion du sous-marin héritier du nom, la Croix de la Légion d’honneur décernée au "Narval".
Une stèle rendant hommage à l’équipage du "Narval" est disposée sur l’esplanade bordant le château de la Préfecture maritime de Brest."
La vie et la disparition du sous-marin "Narval" ont été retracées par Georges Kevorkian, responsable de la commission recherches historiques à l'association "Aux Marins" et référent du "Narval"
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Un moment de recueillement a permis à de nombreuses familles de partager souvenir et émotion et à l'association "Aux Marins" d'exprimer la reconnaissance de la nation à ces marins embarqués à bord du premier sous-marin des Forces Navales Françaises Libres.
Des membres de l'association "Aux Marins" ont évoqué la mémoire des treize
marins du "Narval" figurant au cénotaphe :
Philippe Nepveu, membre de la commission "relations avec les familles" et responsable logistique pour André Blot
Céline Enthime, membre de la commission "communications" et responsable de l'intendance pour Michel Chauvin
Jean-Luc Le Lann, membre de la commission "relations avec les familles" pour Roger Claude
Rémy Le Martret, vice-président, pour François Drogou
Dominique Goineau, membre de la commission "relations avec les familles" pour Marcel Iltis
André Enthime, membre de la commission "relations avec les familles" pour Prosper Jouan
Madeleine Kérisit, co-pilote de la commission "relations avec les familles" pour Jean-Victor Le Landais
François L'Hostis, membre de la commission "relations avec les familles" pour Guy Pérotin
Chantal Cleuziou, secrétaire générale adjointe pour Pierre Rigauld
Jean-Pierre Donnard, co-pilote des commissions "internet-informatique" et "secrétariat" pour Paul Rimbaud
Christiane L'Hostis, bénévole, pour Joseph Ségalou
Anne Kerdanet, membre de la commission "communications", pour Jacques Sevestre
Jean-Paul Cornec, président délégué, après avoir évoqué la mémoire de Joseph Vergos,
a associé le souvenir des 37 autres marins en les citant nommément et souhaité qu' ils puissent, un jour, rejoindre leurs camarades dans ce lieu de mémoire qu'est le cénotaphe de la Pointe Saint Mathieu.
Les représentants des familles ont pu exprimer leurs sentiments et leur émotion :
Extrait du témoignage de Mme Marie-Claude Drogou,
fille cadette du commandant Drogou
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"à la signature de l'armistice, François Drogou écrivait, le 18 juin 1940, à sa femme : je pars, c'est tout ce que je sais. Ce que je sais aussi, c'est que ni toi ni nos enfants n'auront à rougir de leur père.
Dans la nuit du 24 au 25 juin, il décide d'appareiller de Sousse en Tunisie vers Malte pour continuer le combat avec les alliés pour que son bâtiment ne puisse servir à l'ennemi. Il lance alors son message devenu célèbre :
Trahison sur toute la ligne, je rallie un port anglais.
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A défaut de s'etre distingué par un fait d'armes, l'histoire du Narval est, avant tout, celle d'une épopée morale, celle d'un choix courageux de 50 marins dont l'âge moyen était de 22 ans, qui sont morts pour l'honneur de la patrie, l'honneur du drapeau et l'honneur de la famille.
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Nous avons encore, de nos jours, beaucoup à apprendre sur l'intensité du dilemne auxquel les français se sont confrontés dans cette terrible année 40.
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J'adresse toute ma reconnaissance aux bénévoles qui, au sein de l'association "Aux Marins" font un extraordinaire tavail sur la mémoire pour que l'on se souvienne de tous ces marins disparus en mer.
Souvenez-vous, enfants de France,
de ceux qui portaient l'espérance
jusque dans les feux des combats.
Si vous vivez en paix, tranquilles,
dans vos villages et vos villes,
c'est grâce à ces marins là.
Il fallait que de ces gars là,
ces vrais héros, ont en parlât.
Poème de Jean-Yves Le Guen
--o--
extrait de l'intervention de M. Bertrand Boulier,
l'un des trois petits fils du Commandant Drogou
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A chaque fois que l'un de mes enfants évoque l'épopée du Narval, je remercie, en mon for intérieur, tous ces hommes ........ qui auront consenti à aller jusqu'au bout avec le Narval.
Je les remercie tous parce que je sais que, grâce à eux, mes garçons savent déjà que la mesure d'un homme n'est pas la réussite professionnelle, la fortune ou le statut social.
Grâce à eux, mes garçons savent que ce qui fait la mesure d'un homme, c'est le courage d'agir juste, au moment juste, dans l'intégrité, dans l'humilité, avec le souci de servir les autres, parfois pour défendre la liberté de tous face à la tyrannie.
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Je voudrais rendre hommage à ceux et à celles qui prirent sur eux-même de transmettre cet héritage capital à ma génération, la première à émerger de l'après-guerre .... depuis ces historiens assidus de la France Libre et de notre marine jusqu'aux gens présents ici aujourd'hui que je remercie chaleureusement et jusqu'aux membres de ma famille.
Je tiens à remercier du fond du coeur ma tante Marie-Claude Drogou ........... qui, toute sa vie, a oeuvré à maintenir dans la mémoire et la conscience familiale, non seulement les faits mais le sens profond du choix fait par son père. Ce père à qui elle avait dit aurevoir pour la dernière fois, un matin d'avril à Casablanca. Elle n'avait pas encore 6 ans.
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Je salue l'héroïsme de tous ceux et de toutes celles qui ont su transformer le choc, le chagrin et le deuil en courage moral.
Je veux parler de l'héroïsme de tous ceux et de toutes celles, déterminés à se porter témoins pour les générations à venir.
................ "
--o--
Les familles présentes ont ensuite dévoilé les photographies de leurs disparus au cénotaphe non sans une certaine émotion.
L'association "Aux Marins" poursuit sa quête de mémoire pour retrouver les familles des 37 autres marins du "Narval".
Plus d'information sur les marins du Narval : www.auxmarins.com
Photographies : Jean-Luc Le Bris (association "Aux Marins")
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