26 Janvier 2010
La question est très souvent posée par les visiteurs du mémorial : Est-ce qu’il y a des femmes parmi les marins morts pour la France figurant au cénotaphe ?
Début février 2010, la photographie de Madeleine Bayard prendra place sur les parois des cryptes du cénotaphe. Ce sera la première femme « marin mort pour la France » à y figurer.
Fille d’Adèle Suzanne Bayard qui exerçait la profession de couturière, Madeleine est née au 123 Boulevard Port Royal à Paris le 21 Février 1911.
Les épisodes de sa jeunesse ne sont pas connus.
L'association Aux marins aimerait retrouver des membres de sa famille (proche ou éloignée) qui pourraient évoquer cette partie de son existence.
On retrouve Madeleine vers 1938 en Indochine où elle est mariée à un planteur.
Celui-ci fut assassiné lors d'une insurrection. Madeleine, enlevée et séquestrée, fut retrouvée et libérée par Claude Péri avec lequel elle se lia.
Claude Péri, officier de marine, agent d'assurances, aventurier, etc. avait été recruté par le 2e Bureau pour enquêter sur un risque de sécession du Vietnam et d'expansion chinoise. En 1938, il traverse l'Europe et l'Asie pour évaluer les tensions dans cette partie du monde.
Tout naturellement Madeleine Bayard intégra le 2e Bureau et nous retrouvons le couple embarqué au début de la guerre sur le cargo Rhin, s'entraînant aux actions de sabotage.
Claude réussira à endommager gravement un navire allemand dans le port de Las Palmas. Après la capitulation française, le gouvernement de Vichy leur demande de saboter des navires anglais, ce qu'ils refuseront de faire. Le Rhin, sous l'impulsion de Péri, second-capitaine, est conduit à Gibraltar et livré aux Anglais.
Madeleine et Claude se retrouvent au Pays de Galles enrôlés dans une section du MI16, noyau du SOE, service d'espionnage et de renseignement anglais. Ils prennent les noms de Madeleine Barclay et Jack Langlais. Ils embarquent sur le HMS Fidelity, leur ex-Rhin avec lequel ils disparaîtront.
Madeleine figure au rôle d'équipage sous le nom de Barclay en qualité de 1st Officer WRNS (Women's Royal Navy Service), responsable du bureau "chiffre" (codage et décodage des messages). Jack Langlais commande le navire espion.
Tous deux périront lorsque le Fidelity sera coulé par un sous-marin allemand, vraisemblablement le 30 décembre 1942.
Toutefois son acte de décès porte la mention « Décédée en mer le 1 janvier 1943- Jugement transcrit au troisième arrondissement de Paris le 9 juin 1952 avec la mention « Morte pour la France ».
HMS FIDELITY
Plusieurs romans ont été tirés de leur aventure.