25 Juin 2016
Plougonvelin, espace Keraudy
Samedi 7 mai 2016
Traditionnellement, l'assemblée générale de l'association Aux Marins se tient le matin de la cérémonie annuelle du souvenir. Les adhérents et sympathisants venant de différents points de France peuvent ainsi participer à ces deux moments forts de la vie de l'association.
Cette année, la tradition a été respectée et c'est devant une assistance nombreuse composée d'adhérents, de bénévoles, de délégués extérieurs que le président Pierre LÉAUSTIC a ouvert la séance.
Tradition toujours, l'assemblée générale a commencé par le chant "L'âme des marins", hymne de l'association Aux Marins, interprêté par son auteur, Freddie BREIZIRLAND' et repris en choeur par les personnes présentes.
A la table officielle se tenaient, aux côtés du président,
le recteur (H) Henri LE GOHÉREL, président de l'Académie de Marine,
madame Elyane PALLIER, conseillère départementale du canton de Saint Renan,
monsieur Bernard GOUÉREC, président du syndicat mixte de la Pointe Saint-Mathieu et maire de Plougonvelin,
monsieur André TALARMIN, président de la communauté de communes du Pays d'Iroise (CCPI),
madame Viviane GODEBERT, vice-présidente de la CCPI chargée du domaine culturel, et maire de Locmaria-Plouzané,
monsieur Marc QUELLEC, adjoint au maire du Conquet, commune faisant partie du syndicat mixte de la Pointe Saint-Mathieu.
S'y trouvaient également, les membres du bureau de l'association Aux Marins :
René RICHARD, président délégué et responsable du pôle de compétence "communication",
Yves LAUMOND, secrétaire général,
Sylvie CAMIO, trésorière générale.
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Après lecture du rapport moral par le Président, Yves LAUMOND, le secrétaire général, a présenté le rapport d'activités, avant l'intervention de différents intervenants.
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Michel DESPRIÉE, reponsable du pôle "Le Marin", a expliqué le travail des rédacteurs qui ont en charge, la recherche et la narration des biographies des marins morts pour la France, l'histoire des unités auxquelles sont rattachées les tragédies, la recherche des familles, ainsi que l'organisation des cérémonies d'hommage.
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René RICHARD a présenté le nouveau flyer qui vient d'être réalisé par les membres du pôle communication dont il a la responsabilité, qui sera mis en circulation à l'été 2016.
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Thadée BASIOREK, responsable du pôle informatique, a annoncé la refonte totale du site web www.auxmarins.net qui est en préparation. Le nouveau site devrait être opérationnel en début d'année 2017.
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La commune du Conquet, membre du syndicat mixte de la Pointe Saint Mathieu, était représentée par M. Marc QUELLEC, adjoint au maire.
Interpellé par un des vers écrit par Victor Hugo dans le poème Oceano Nox :
« Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire »
M. QUELLEC en a fait le développement ci-après, se rapportant au Mémorial de Saint Mathieu :
"Ce vers de Victor Hugo tiré de son fameux poème Oceano nox m'interpelle.
Les noms et les visages des disparus en mer ne risquent-ils pas, si nous n'y prenons garde, de se diluer dans les méandres de notre mémoire comme leurs corps ont glissé vers les abysses ?
Fort heureusement, du côté de Saint-Mathieu, nous avons des amers, des points de repère auxquels accrocher les yeux de la mémoire qu'elle soit individuelle ou collective.
L'ancien professeur de lettres classiques que je suis se permet de faire un peu d'étymologie et de rappeler que le mot latin « monumentum » signifie « souvenir » et par extension « ce qui évoque le souvenir », que le mot « stèle » désigne « une pierre dressée », une pierre érigée sur les tombes de la Grèce antique.
Ces stèles que l'on trouve dans bon nombre de musées, plus particulièrement le Musée National d'Athènes, suscitent une profonde émotion pour peu que l'on prenne la peine de les regarder avec attention .
Les scènes sculptées dans la pierre représentent ce qui avait le plus de prix pour la
défunte ou le défunt : un jeune enfant avec ses jouets ou son animal favori, une mère de famille entourée de ses enfants, un soldat mort au combat menant un char, un marin tenant fermement le gouvernail de son bateau.
D'une stèle à l'autre, la vie combat la mort. Ce qui est gravé dans la pierre défie le temps.
Et nous, vingt-cinq siècles plus tard, qu'avons-nous dans notre cénotaphe, notre tombeau vide ? Des photos qui sont elles aussi des instantanés de vie. A l'instar des anciens grecs, à défaut de donner à nos chers disparus une immortalité, par les photos affichées sur les parois, nous manifestons notre volonté de vivifier le souvenir, de ne pas laisser les brumes du large assombrir notre mémoire.
Sous chaque nom se dessine un visage ; de chaque visage monte une voix.
A nous les vivants d'aujourd'hui de les faire voir et de les faire entendre, car comme le disait Éluard à propos des résistants :
« Si l'écho de leur voix faiblit, nous périrons ».
Marcel Quellec
Aux marins, le 7 mai 2016
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Madame Viviane GODEBERT, vice-présidente de la communauté de communes du Pays d'Iroise (CCPI) s'est félicitée du développement de l'association Aux Marins depuis sa création en 2005, "vitrine aux carrefours des océans, vitrine face à la Mer d'Iroise" et a adressé un fraternel salut aux participants de l'assemblée générale et ses encouragements aux bénévoles.
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René RICHARD a présenté le projet important que l'association Aux Marins s'efforcera de mener à bien au cours des prochaines années : l'inscription de l'association Aux Marins au Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO en reconnaissance du travail de préservation de la mémoire maritime et de l'engagement pour les marins disparus.
Il a porté à la connaissance de l'assistance le message du Président de la commission nationale française pour l'UNESCO, monsieur Daniel Janicot, conseiller d'état :
"Les journées de la mémoire maritime 2016 ont été placées sous le patronage de la commission nationale française pour l'UNESCO.
Créée en 1946, cette commission va fêter ses soixante dix ans.
Cette commission a double mandat :
veiller au renforcement intellectuel de la France au sein de l'UNESCO par la mobilisation de notre expertise sur les programmes de l'organisation, ainsi que promouvoir les idéaux de l'UNESCO dans notre pays et auprès de la société civile. C'est à dire, la paix au moyen de l'éducation, de la science et de la culture.
Dans le cadre de cette mission étendue, la protection de la mémoire figure au premier plan de ses priorités, en particulier, du patrimoine mémoriel forgé dans le sacrifice et dans l'effort.
Je salue donc tous ceux qui font vivre ces journées 2016 de la mémoire maritime. Je salue la volonté de transmettre à la jeunesse de notre pays les valeurs incarnées par cette commémoration.
L'éducation est la variable au coeur de notre société qui va commander l'avenir.
La commission nationale française pour l'UNESCO est en pensée avec vous."
Le président Pierre LÉAUSTIC a insisté sur le long chemin qu'il faudra parcourir, sur les nombreuses étapes qu'il faudra franchir, sur les nombreux échelons qu'il faudra gravir, pas à pas, avec patience et obstination, sans être assurés de réussir.
Si le projet d'inscription de l'association Aux Marins au Patrimoine Culturel Immatériel arrive à son terme, il sera alors soumis à la décision des pays membres de l'UNESCO qui devront, pour qu'il soit accepté, se prononcer à la majorité en sa faveur.
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La trésorière générale, Sylvie CAMIO, a détaillé l'exercice comptable de 2015 et a présenté le budget prévisionnel 2016, qui ont été validés par M. Georges HAY, le vérificateur aux comptes.
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Madame Elyane PALLIER, conseillère départementale
"Monsieur le Président, Mesdames et messieurs,
C'est la première fois que j'assiste à votre assemblée générale. Je vais donc commencer par vous dire ce que je ressens lorsque j'entre dans le cénotaphe. La première chose qui apparaît, c'est la solennité du lieu. Ca vous prend, ça ne vous quitte pas et ça vous entraîne dans un recueillement très fort.
Ensuite, les pensées se bousculent, l'horreur des guerres, la bravoure des hommes, leur peur aussi, les drames familiaux, l'injustice des vies sacrifiées.
Tout ça se bouscule et, au bout du compte, on se dit : franchement, ce lieu, il a une utilité, une utilité pour toutes les générations. C'est indispensable d'avoir un lieu comme celui-là à proximité d'une région qui est très empreinte par les drames en mer.
Je remercie donc tous les bénévoles qui oeuvrent pour cette prise de conscience collective au sein de votre association, justement reconnue d'utilité publique.
Et ce que j'ai découvert ce matin, c'est que, derrière le cénotaphe, les cérémonies que vous organisez, il y a une association extrêment bien gérée, extrêment ancrée sur ses valeurs, ces valeurs que l'on retrouve dans le fonctionnement de l'association mais que l'on retrouve aussi dans la bienveillance qui est accordée à tous les bénévoles. J'ai rarement entendu autant de mise en valeur du bénévolat.
Votre président est sûrement très attentif à ces questions et si votre association marche aussi bien, si elle a autant de projets, si elle est aussi dynamique, elle le doit à cette prise en compte du bénévolat.
Le cénotaphe trouve tout son sens dans le site de la Pointe Saint-Mathieu, l'un des sites majeur du tourisme en Finistère. Ce site a parfaitement été remis en valeur par la volonté commune des élus du syndicat mixte de la Pointe Saint-Mathieu.
Le conseil départemental est partie prenante dans cette association ainsi que Brest Métropole Océane (BMO).
Il y a aussi les communes de Plougonvelin et du Conquet et la communauté de communes du Pays d'Iroise (CCPI).
Que de travail accompli depuis la création de ce syndicat en 1997 !
C'est par sa contribution au syndicat mixte que le conseil départemental participe au financement de l'association Aux Marins.
La loi NOTRe implique la réorganisation des compétences attribuées aux collectivités. Le syndicat mixte de la Pointe Saint-Mathieu est concerné par ces modifications. Le conseil départemental n'est plus autorisé à financer ce syndicat, d'autres également.
Donc, une réflexion sur l'avenir du syndicat de Saint-Mathieu est en cours.
Quoiqu'il en soit, le conseil départemental sera en mesure de continuer à financer les travaux sur le site de la pointe Saint-Mathieu par le contrat de territoire, si la gestion du site est reprise par la CCPI.
Je tenais à rassurer. Nous avons des obligations à respecter du fait de la loi NOTRe mais cela ne signifie pas non plus un désengagement du conseil départemental.
Je vous remercie de votre attention."
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Monsieur Bernard GOUÉREC, maire de Plougonvelin et président du syndicat mixte de la Pointe Saint Mathieu :
"Bonjour à tous,
Je me dois d'adresser tout d'abord mes remerciements appuyés à ceux qui, autour du président Pierre Léaustic, travaillent tout au long de l'année au sein de l'association Aux Marins.
La commune de Plougonvelin compte 58 associations. Avec plus de 1000 adhérents, la vôtre en est la plus importante.
C'est une fierté pour un maire de compter dans son tissu associatif des associations actives et dynamiques telles que la vôtre.
Les élus sont là pour accompagner et aider à mettre en valeur votre travail quotidien.
Le syndicat mixte continue ainsi son travail de développement du site, en tous les cas, tant qu'il existera puisque vous venez d'entendre que ses jours sont peut-être compés.
Les travaux les plus marquants de l'année passée ont consisté en la démolition de la maison des gardiens située en fond du parking, devant la tour de l'abbaye que l'on aperçoit très bien depuis, travaux réalisés en décembre 2015 (Cliquer sur l'image pour l'agrandir).
Je tiens à remercier le conservatoire du littoral, à qui appartenait la maison, qui a entièrement pris en charge ces travaux.
Cette année, nous allons également construire des toillettes accessibles au niveau du parking principal. Ceci répond à une forte demande de l'association Aux Marins.
Ensuite, il restera, en gros travaux sur le site de la Pointe Saint-Mathieu, à réaliser un mur de l'enclos aux moines, qui servira de parking.
Des fouilles auront également lieu sur le parking principal, certainement aux abords de l'abbaye. Les découvertes qui seront effectuées lors de ces fouilles feront l'objet d'une restauration.
Je remercie la CCPI pour la réalisation des travaux d'entretien réalisés tout au long de l'année.
Saint-Mathieu est un site exceptionnel mais il a l'inconvénient d'être en face d'une mer très rude, la Mer d'Iroise. Un entretien important doit donc avoir lieu, notamment après chaque hiver pour bien accueillir les visiteurs.
Je vous remercie de m'avoir écouté."
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Monsieur André TALARMIN, président de la communauté de communes du Pays d'Iroise (CCPI) :
"Je prends la parole avec plaisir au nom des vingt maires des communes du Pays d'Iroise.
Le Pays d'Iroise est de tout coeur avec vous et vous remercie pour le travail que vous faites à longueur d'année.
Quarante bénévoles qui sont présents sur le site, permettant d'ouvrir le site à tout moment.
Quand il y a quinze ans, la CCPI avait décidé la création d'un cénotaphe à la Pointe Saint-Mathieu, aucun élu n'avait imaginé qu'il y aurait autant de travail à réaliser pour que ce site vive. Et on a la chance d'avoir, en Pays d'Iroise, une équipe de bénévoles qui fait vivre ce site, qui a été fermé durant de nombreuses années, qui est maintenant un site emblématique, un site qui est riche.
A l'époque, les élus ont fait venir des partenaires aux côtés des communes de Plougonvelin et du Conquet : le conseil général, Brest Métropôle, pour que ce site devienne ce qu'il est actuellement.
Nous nous efforçons de répondre au mieux, selon nos possibilités financières, aux demandes du président de l'association Aux Marins pour que l'accueil des personnalités et du public durant les cérémonies que vous organisez se fasse dans les meilleurs conditions.
Nous continuerons d'être à vos côtés et nous adressons tous nos encouragements aux bénévoles de l'association.
Bonne journée à tous."
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Monsieur Louis CARADEC, maire honoraire de Plougonvelin, qui a été à l'initiative de la création du cénotaphe et de l'association Aux Marins dont il est président d'honneur :
"Tout d'abord, je voudrais remercier tous ceux qui donnent tout ce qu'ils peuvent pour le fonctionnement du cénotaphe.
Depuis que 2005 que l'association organise des assemblées générales, il est une personne que peu de gens connaissent et pourtant elle est à l'origine de ce qui a été fait à Saint-Mathieu.
Il s'agit de Thierry MERCADIER, l'architecte concepteur du cénotaphe. Je souhaiterais qu'il me rejoigne afin que je puisse le présenter à l'assistance.
Quand on a décidé de faire le cénotaphe, on ne savait pas par quel bout le prendre.
Quand on a acheté le terrain de Saint-Mathieu au ministère de la défense, il n'était pas du tout prévu que ce soit comme ça que ça se passe ! Moi, je voulais acheter le fort de Bertheaume.
Après six ans de procédure, le ministère de la défense nous a fait une proposition : "on vous vend le fort de Bertheaume mais aussi le monument des marins, à une condition, c'est que vous l'entreteniez."
Aujourd'hui, je suis fier de remercier l'équipe ici présente car non seulement le terrain a été entretenu mais on a créé le cénotaphe...
Donc, fierté de ma part pour avoir trouvé les gens qu'il fallait pour s'en occuper.
J'ai lu dans la presse que j'étais allé chercher Pierre LÉAUSTIC pour organiser l'inauguration. Or, construire, c'est facile, avoir des idées, c'est facile mais faire fonctionner c'est beaucoup plus dur !
Je suis donc allé voir le préfet maritime (l'Amiral MERER) qui m'a conseillé de contacter Pierre LÉAUSTIC qui lui semblait être l'homme de la situation.
Lorsque Pierre a accepté cette charge j'ai imaginé qu'il assurerait la présidence de l'association Aux Marins pour une durée identique à celle que j'ai passée à la mairie de Plougonvelin, à savoir, 30 ans !
Pierre n'ayant pas encore effectué la moitié, il doit rester encore au moins 15 ans !
Merci à tous."
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Thierry MERCADIER :
"Lorsque je suis ici, j'ai toujours des pensées qui viennent à mon esprit. Je m'aperçois d'ailleurs à quel point les mots et la poésie des mots, des poètes mais aussi des actes, est présente dans cette aventure.
Et je pense à cette phrase de Matisse, à propos de la chapelle de Vence.
Il dit "j'ai été choisi sur le tard de ma vie pour faire cette chapelle".
Et j'ai toujours été marqué par l'humilité de ces paroles.
En effet, nous sommes tous des humbles, faits de la glèbe pour quelques dizaines d'années sous forme humaine. Nous sommes les dépositaires d'une chose, nous sommes choisis par les choses. Moi, je crois que j'ai été aussi choisi pour accompagner un élu très volontaire, très isolé, sur ce chemin.
Et je voudrais parler d'un autre humble qui nous a accompagné, et qui n'est plus là. Je voudrais qu'on en parle chaque année : Jacques Rongier, qui a inlassablement rappelé l'importance de ce lieu.
Et puis, tout de suite, me viennent les paroles de Rimbaud dans le poème "Les corbeaux" :
......................
Par milliers, sur les champs de France
Où dorment des morts d'avant-hier (*)
Tournoyez, n'est-ce pas l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Soyez donc les crieurs du devoir,
..................
Comme témoin de cette aventure, j'ai vu une longue série de crieurs du devoir, Jacques, Louis, Pierre et chacun des bénévoles de l'association et chacune des familles qui tend au visiteur l'image du cher disparu. Vous êtes aussi des crieurs du devoir. J'en suis profondément touché.
Merci."
(*) ceux que l'on peut oublier, ceux de 1870
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La parole est donnée ensuite au président des journées de la mémoire maritime 2016, Monsieur Henri LEGOHÉREL, président de l'Académie de Marine, recteur d'académie (H).
"Merci monsieur le président et cher ami d'avoir pensé à cette institution que j'ai l'honneur de présider, pour peu de temps encore, puisqu'à la fin du mois d'octobre, je passerai la main et c'est l'Amiral Alain GOLDEFY qui prendra ma suite.
Vous dire quelques mots, en fin de matinée et sans abuser de votre temps, sur cette institution qu'est l'Académie de marine qui est très liée à cette pointe de Bretagne et, vous allez le voir aussi, à la stèle de la Pointe Saint-Mathieu.
Alors, tout commence au milieu du XVIIIème siècle, lorsque la marine royale a été gérée pendant soixante ans par la même famille, les Pontchartrain.
Il y eut Louis de PONTCHARTRAIN, Jérôme de PONTCHARTRAIN et après, MAUREPAS, lui aussi un PONTCHARTRAIN, qui fut secrétaire d'état à la marine de 1723 à 1748, vingt cinq ans au même ministère. Ca mettait bien évidemment à l'épreuve ceux qui attendaient la place mais ça permettait à celui qui était en place une politique de longue durée.
C'était une période de disette financière pour la marine - les temps se renouvellent - et MAUREPAS a eu l'intelligence de choisir de gérer la qualité en mettant en place deux politiques fondamentales qui feront plus tard la marine de LOUIS XVI, celle que vous savez à la guerre d'Amérique :
- Améliorer la formation des officiers
- Améliorer les constructions navales en les orientant vers la mise en place - je ne dirais pas de séries, ce qui serait exagéré - mais de types de navires dont le fameux 74.
La marine de MAUREPAS est donc devenue une marine savante.
MAUREPAS est parti en 1748 car il détestait LA POMPADOUR.
Il lâchait dans les couloirs de Versailles des épigrammes pas gentils du tout pour la dame, qui l'a pris très mal. Elle a prié MAUREPAS de retourner dans ses terres. Pas très loin d'ailleurs, car PONTCHARTRAIN jouxte Versailles et MAUREPAS savait tout ce qui se passait à la cour.
Mais la marine de MAUREPAS est devenue une marine savante. Il y avait à Brest, à ce moment là, un capitaine de vaisseau qui s'appelait BIGOT de MOROGUES et, depuis 1746, ce BIGOT de MOROGUES qui était un théoricien de la tactique navale, un expert en balistique, un homme de curiosité intellectuelle qui avait un goût marqué pour la physique et la métaphysique, avait pris l'habitude de réunir chez lui des officiers des vaisseaux, des ingénieurs, des architectes navals au retour de leurs expéditions, de leurs voyages. Tous étaient partisans d'étudier en commun les problèmes techniques et militaires avec leur expérience de la mer.
Et ce salon, car c'était un salon comme on en faisait à l'époque, a été transformé en 1752 en une académie, l'Académie de marine, créée donc à Brest en 1752.
Quelques années plus tard, en 1769, elle fut érigée en académie royale, au même rang que l'académie des sciences dont elle était d'ailleurs, institutionnellement, la correspondante.
En 1793, toutes les académies disparaissent.
Lorsque le directoire les a reconstituées au sein de l'Institut de France quelque temps après, l'académie de marine n'a pas été reconstituée. La plupart des académiciens de marine étaient passés, soit à l'académie des sciences nouvelles, soit au bureau des longitudes qui avaient été créés en même temps.
Les compétences de l'académie de marine étaient passées à l'académie des sciences et au bureau des longitudes.
Et, tout le XIXème siècle a passé sans que, malgré quelques initiatives, on reconstitue l'académie de marine.
Nous voici au lendemain de la grande guerre en 1918 et l'hommage aux armées rendu en 1918 a oublié la marine.
Au grand défilé du 14 juillet 1919, les nouveaux maréchaux de France ont descendu les Champs Elysées en grand apparât sur des chevaux.
Aux milieu des troupes qui défilaient, mélés à l'ensemble, deux petits détachements, l'un des fusiliers marins avec à sa tête l'Amiral RONARC'H, et un ensemble composite.
Tout ceci a humilié les marins.
Le malaise dans la marine a été profond et, dans les années 20, trois personnes, Émile GUIST'HAU, Adolphe LANDRY, et Georges LEYGUES, tous trois ont été, tour à tour, ministres de la marine, ont entrepris de rendre à la marine, je dirais, son lustre et son honneur.
Et c'est comme cela qu'en 1921, l'académie de marine est reconstituée comme section de la ligue maritime et coloniale, chargée de l'enseignement et de la propagande. Le mot propagande a pris un sens un peu particulier mais c'était le rôle de l'académie de marine reconstituée d'aller porter la parole, en particulier dans les collèges et les lycées, pour parler aux jeunes du fait maritime.
Et quelques années plus tard - c'est ici que je fais le lien avec notre stèle de la Pointe Saint-Mathieu - en 1927, l'académie de marine a été érigée en établissement public sous l'autorité du ministre de la défense - statut qu'elle a toujours aujourd'hui - c'est l'année de la stèle, inaugurée par Georges LEYGUES.
Entre la stèle de la Pointe Saint-Mathieu et l'académie de marine, il y a ce lien, dans les années 20, de redonner à la marine sa place au sein de notre nation.
Aujourd'hui, que sommes-nous à l'académie de marine ?
Nous sommes soixante dix-huit membres actifs au sein de six sections : marine militaire, marine civile, marine de pêche, marchande et plaisance, sciences et techniques, les ingénieurs, navigation, océanologie, histoire, lettres et arts, droit et économie, c'est à dire que nous couvrons tous les domaines possibles dans leur aspect naval et maritime.
Chaque membre peut, sur simple demande, devenir membre honoraire. Nous comptons une vingtaine de membres honoraires, des membres associés dont le prince de Monaco et des invités permanents.
Toute personne, et vous en êtes, peut devenir invitée permanente de l'académie de marine moyennant une cotisation sur simple demande au secrétariat de l'académie.
Nos invités permanents - dont l'association Aux Marins, qui a reçu un prix de l'académie de marine en 2014 - qui sont un peu plus de deux cents actuellement, participent aux conférences de l'académie, aux voyages et aux groupes de travail si cela les intéresse.
Que faisons-nous ? Nous sommes installés à l'école militaire pour l'instant. D'ici deux ans, lorsque les travaux de réhabilitation du monument seront terminés, l'académie s'installera à l'hôtel de la marine.
Nous avons d'ores et déjà l'accord des monuments nationaux et c'est l'académie de marine qui perpétuera, à l'hôtel de la marine, la mémoire d'une occupation qui a duré plus de deux siècles.
Nous avons un cycle de 12 à 15 conférences par an sur des thèmes à la fois historiques et très actuels. Le prochain conférencier est M. Hervé GUILLOU (DCNS) qui va, je pense, nous parler des sous-marins d'Australie.
Nous faisons deux voyages par an en France et à l'étranger. Des voyages d'étude. Cette année ça a été les pays de la Loire avec les chantiers de Saint-Nazaire et nous serons, dans un mois, en Adriatique, à Cattaro, là où ont sombré les sous-marins Bernouilli et Monge en 1916.
Et puis, nous sommes aussi, un organe de conseil du gouvernement. Régulièrement, le chef d'état major de la marine nous soumet un certain nombre de dossiers pour que nous éclairions son état-major sur des questions comme la liberté de la haute mer, comme l'avenir du plateau continental.
Nous avons récemment envoyé une recommandation au chef d'état major en ce qui concerne les négociations qui s'ouvrent à l'ONU autour de leur convention de Montego bay et sur la création des aires marines protégées. Il nous a semblé que l'aspect militaire du problème était très mal vu. Les ONG ont même pris les choses en main et, à la limite, les zones marines protégées seront, un jour, inaccessibles à nos marines militaires.
Et puis nous avons fait également un dossier à destination du premier ministre sur la fonction de garde-côtes car aujourd'hui, entre l'Europe et la France, la conception de la fonction de garde-côtes n'est pas du tout la même ..........
Alors voilà ce que nous faisons, c'est à dire que l'académie de marine essaye d'être, à la fois, une société savante - c'était sa vocation initiale - et un organe vivant et actif auprès des autorités de notre pays pour conseiller avec toutes les compétences qui sont réunies en son sein sur toutes ces questions navales et militaires.
Voilà ce que nous sommes et, bien évidemment, nous sommes aux côtés de l'association Aux Marins pour la démarche auprès de l'UNESCO mais, nous le savons, entrer à l'UNESCO est un chemin extrêmement difficile.
Nous avons eu la chance d'avoir la directrice générale de l'UNESCO, Mme BOKOVA, pour présider la séance de rentrée de l'académie au mois d'octobre l'année dernière....
Voilà ce que nous sommes.
Je vous signale que se tiendra prochainement à Paris un colloque national placé sous l'autorité du président de la république avec le label du comité du centenaire. Ce colloque, nous l'organisons avec l'université Paris IV-Sorbonne et le centre d'études supérieures de la marine sur ce qu'a fait la marine pendant la guerre de 1914-1918. C'est quelquechose qui est extrêment oublié....
... Nos marins ont eu un rôle obscur et décisif, nous étions un peu les "brillants seconds" de la Navy.
Nous faisons ce colloque qui va durer deux jours, un jour en Sorbonne, un jour à l'école militaire pour rappeler tout ce qui a été fait pendant la guerre par la marine....
Merci."
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Pierre LÉAUSTIC a clos l'assemblée générale 2016 puis il a invité les participants à se retrouver l'après-midi sur l'esplanade du souvenir français pour la cérémonie annuelle consacrée à la mémoire des marins disparus.
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